Autrefois messager précieux, le pigeon des villes est devenu
aujourd'hui l'un des animaux les plus détestés des citadins. Associé au
vil et au malpropre, accusé même de véhiculer des maladies dangereuses
pour l'homme, traité de « rat volant », il n'obtient généralement aucune
grâce aux yeux de bon nombre de promeneurs, et encore moins auprès des
propriétaires d'immeubles, des services de propreté des villes, ou des
responsables de monuments historiques. Néanmoins, un jeune artiste suisse a décidé de venir à leur secours...
Pourquoi tant de haine ? s'émeut Julian Charrière (www.julian-charriere.net). Comment redonner aux pigeons un minimum de dignité ? Comment faire pour qu'ils ne soient plus les "intouchables" de nos contrées européennes ? Qui sait : peut-être qu'en leur donnant des couleurs plus...
chatoyantes ? Il imagine alors une petite machine qui, sans douleur et sans danger pour l'oiseau,
teinte son plumage avec des colorants alimentaires
en bleu, en rouge et en jaune. Une première expérience en public a été
menée récemment sur la place Saint-Marc à Venise, à l'occasion de la 13e
biennale de l'architecture qui se déroule dans cette ville. Il a
intitulé son opération (son œuvre ?) « Some pigeons are more equal than
others » (Litt. « Certains pigeons sont plus égaux que d'autres »). L'opération a été très remarquée et, finalement, assez bien accueillie par le public. Mais elle a créé en
revanche la colère de bon nombre d'associations d'écologistes ou de
protection des animaux, qui - et on ne peut les blâmer à ce sujet - sont « opposés de la manière la plus absolue
à toute forme d'exploitation des animaux à des fins ludiques,
récréatives ou artistiques", et qui s'insurgent à la pensée que "une
fois encore, les animaux sont traités comme des objets permettant
d'attirer publicité et profit". L'affaire reste toutefois à suivre puisque le
jeune artiste entend réitérer son opération à Copenhague prochainement.
Source et photo : Trouw du 29 août 2012, Amsterdam, Pays-Bas.